Une réputation sulfureuse, un trésor fabuleux, une terrible malédiction… Il n’en fallait pas plus pour susciter une légende ! Après deux siècles tumultueux, l’histoire des Templiers s’achève en 1314, avec le martyre des deux derniers chevaliers, condamnés à mort par Philippe le Bel. Retour sur une formidable épopée, pleine de bruit et de fureur.
« Maudits ! Maudits ! Soyez tous maudits ! » Les flammes du bûcher on déjà atteint les deux hommes mais ils trouvent encore la force de hurler. En ce 18 mars 1314, au terme d’un procès de sept ans, les derniers dignitaires de l’Ordre des Templiers — le grand maître Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie — vont bientôt passer de vie à trépas…
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Certains articles vous tiennent plus particulièrement à cœur, et cette Épopée des Templiers — publiée en 2001 (Science & Vie Junior n°144 - 09/2001) — est assurément l’un d’eux.
Il faut remonter à mes années d’étudiant pour mieux comprendre mon intérêt prononcé pour le Moyen-Âge. Le jour, je naviguais dans les sphères mystérieuses de la physique et de la mécanique quantique mais, la nuit venue, je me plongeais dans tous les ouvrages que je pouvais dégoter sur le cycle Arthurien — y compris le rare Merlin Huth attribué à Robert de Borron —… au point de pouvoir en discuter passionnément avec un copain de fac qui en ferait son sujet de thèse. Plus tard, j’abordais avec le même entrain les textes liés à l’épopée des Nibelungen, pour basculer presque naturellement vers les sagas et mythes nordiques. (Ce qui me rappelle au passage que j’ai un jour écrit un dossier sur les cosmogonies comparées de différentes civilisations que je pourrai prochainement publier ici…)
Partant de là, il n’y avait qu’un pas à franchir pour que je m’intéresse à l’histoire, véritable celle-là, des Templiers. Ce qui m’a toujours frustré, c’est qu’il suffit de les nommer pour que tout un chacun songe immédiatement aux mystères qui les entourrent : la fameuse « malédiction », leur myrifique trésor caché, leurs pseudo-ramifications à travers l’Histoire (des francs-maçons à la secte du Temple solaire…). Triste situation quand on constate que la véritable et factuelle histoire des chevaliers du Christ est déjà d’une richesse inouie, que leur épopée est si passionnante qu’il n’est nul besoin d’en rajouter.
C’est donc dans cet esprit que j’ai abordé cet article pour le bénéfice des jeunes lecteurs. (Et moins jeunes, d’ailleurs. Ai-je déjà précisé quelque part que — enquêtes à l’appui — il fut montré que le lectorat de SVJ était pour moitié composé d’adultes ?) Certes, le teaser de la pseudo malédiction — lancée par le dernier maître de l’Ordre du haut de son bûcher — était un lancement incontournable de l’article pour apâter le chaland. Mais dans le seul objectif de l’entraîner sournoisement dans les rets de l’aventure véritable, pour enfin remettre à leur place les faux fondements de la légende.
Deux mots également sur les illustrations. Je me suis beaucoup réjoui que Thierry Ségur fut choisi pour réaliser les planches originales. J’avais en effet très apprécié les Légendes des Contrées Oubliées (BD aux éditions Delcourt, Bruno Chevalier aux scénarios). Durant mes recherches, j’avais rassemblé un certain nombre d’éléments pour guider ses pas vers une illustration réaliste des templiers. En particulier, ils sont presque toujours représentés avec la fameuse croix rouge sur le plastron (la faute à des générations d’illustrateurs qui se sont inspirés les uns des autres). Alors que la règle prévoyait qu’elle fût portée sur le cœur ou sur l’épaule — comme on l’observe d’ailleurs sur de très anciennes enluminures. Fort de tous ces éléments, Thierry Ségur a réalisé l’une des illustrations les plus fidèles que je connaisse à ce jour. Quant à la scène du bûcher, je la trouve tout aussi remarquable d’intensité.
Olivier Fèvre,
fév. 2009
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Cet article a été publié
le Dimanche 22 février 2009 à 14 h 54 min et est classé dans
Histoire.
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