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Les Clefs du « Seigneur des Anneaux »

   Ecrit par : Olivier Fèvre   in Art & Culture


RÉVÉLATIONS


Si vous n’avez ni lu, ni vu « le Retour du Roi », passez votre chemin ! Car voici révélé le dénouement de la quête de l’Anneau et une utlime clef de la vision de Tolkien.

Aucun regret ? Vous être sûr de vouloir lire ce qui va suivre ? Alors allons-y…

Terrible dénouement, n’est-ce pas ? Oui, Frodon a échoué dans sa quête. Oui, il n’a pas pu supporter l’emprise du Mal, au point d’en devenir l’instrument. Résultat, il ne songe plus à détruire l’Anneau et le voici qui clame cette terrible sentence :

« Il ne me plaît pas, maintenant, de faire ce pour quoi je suis venu .»

Heureusement pour les Peuples Libres de la Terre du Milieu, le sournois Gollum va accomplir sa tâche à sa place. Bien malgré lui, il va entraîner l’Anneau dans le brasier infernal de la Montagne du Destin où il sera détruit à jamais.

Seulement voilà, tout n’est pas si simple. Utilisons une ultime clef pour déverrouiller la véritable intention de Tolkien quand il choisit d’achever ainsi la quête de l’Anneau. D’abord avec cette question : Frodon est-il devenu mauvais ? Réponse : non ! « Frodon n’a pas failli moralement », affirmera l’auteur. En fait, le travail de sape de la faim, de la soif, de la fatigue et — par dessus tout ! — du poids de l’Anneau ont eu raison de sa volonté. Frodon a été brisé, il a perdu son libre arbitre et n’est plus maître de ses actions. En fait, Frodon n’est plus Frodon, et c’est en ce sens qu’il n’a pu trahir la cause qu’il défendait. Tolkien le justifie ainsi :

« Nous sommes des créatures finies, et il existe des limites indépassables
à notre capacité physique et morale d’agir ou de supporter. »

On songe bien sûr aux horreurs que Tolkien et ses compagnons ont endurées dans les tranchées de la Première guerre mondiale. Mais aussi à toutes ces formes de tortures physiques et morales qui se sont multipliées durant la Seconde. Tolkien précisera tout de même en 1956 :

« Je ne prévoyais pas quand j’ai conçu mon histoire que nous allions entrer dans un monde où les techniques de torture et de destruction de la personnalité rivaliseraient avec celle du Mordor. »

Reste que l’Anneau a bel et bien été détruit. Dès lors, il suffit de se rappeler que Frodon est allé « aussi loin que sa force d’âme et de corps le lui permettait ». Soit, tout de même, au seuil d’achever sa quête ! Et surtout que, par trois fois, il a su faire preuve de clémence envers Gollum en lui laissant la vie sauve. Du coup, si Frodon n’était plus lui-même au bord du gouffre, c’est en quelque sorte sa bonté, l’excellence de ses choix passés qui ont pris le relais : ils ont littéralement transformé Gollum en cet « instrument de la Providence » qui a permis de consumer l’Anneau malgré tout.

Alors nous revient en mémoire un échange capital entre Frodon et Gandalf, au cœur de la Moria. Notre hobbit s’étant plaint que « Bilbo n’ait pas poignardé Gollum quand il en avait l’occasion », le Sage avait alors rétorqué :

« C’est la Pitié qui a retenu sa main. La Pitié et la Miséricorde. Nombreux sont ceux qui vivent et qui méritent la mort. Et certains qui meurent méritent la vie. Pouvez-vous la leur donner ? Alors, ne soyez pas trop prompt à dispenser la mort en jugement. »

La suite a prouvé que Frodon avait bien retenu la leçon : au bout du compte, c’est parce qu’il avait « retenu sa main » que Gollum a pu achever sa quête. Remisons donc notre trousseau sur cette bonne pensée : un geste de compassion peut véritablement sauver le monde !

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Cet article a été publié le Vendredi 23 janvier 2009 à 0 h 31 min et est classé dans Art & Culture. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Les commentaires et les pings sont actuellement fermés.

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