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Les Clefs du « Seigneur des Anneaux »

   Ecrit par : Olivier Fèvre   in Art & Culture


LES CLEFS DU SEIGNEUR DES ANNEAUX


Si l’on se contente d’une lecture superficielle du SDA, on peut se dire qu’il s’agit d’un agréable roman d’aventure qui se résume, en gros, à la lutte entre deux camps : celui de la Lumière (les « Bons ») et celui des Ténèbres (les « Méchants »). Mais ce serait alors passer à côté du principal, de la signification profonde de l’œuvre de Tolkien qui a su enivrer des millions de lecteurs. Or pour ouvrir bien grand les portes de son univers, quelques petites clefs suffisent. De simples « clefs de lecture » qui permettent de mieux saisir les intentions de l’auteur. D’ailleurs, Peter Jackson l’a bien compris puisqu’il a essayé — dans la mesure du possible — de les intégrer dans ses films, en peaufinant la mise en image de certaines scènes cruciales du livre. De sorte que le « trousseau » que voici vous permettra aussi bien de lire entre les lignes… qu’entre les images.

Quelque part entre le Bien et le Mal

Rien n’est soit blanc, soit noir dans l’univers de Tolkien… tout est dans la nuance. Et la première des clefs pour comprendre son œuvre est précisément de ne pas distinguer d’emblée le Bien du Mal. Au point qu’on peut même considérer le SDA comme une longue réponse à cette question cruciale pour l’auteur : qu’est-ce qu’être bon ou mauvais ?

Pour s’en rendre compte, il suffit de suivre les petits cailloux gris que Tolkien a semés dans le texte. En particulier ce principe de base, dont tout le reste découle, et qu’il a clairement affirmé par la bouche de Gandalf :

« Nul n’est mauvais au départ, on ne le devient que par choix. »

En suivant cette piste, on découvre alors que tous les personnages du roman se conforment à cette règle. Peut-être à deux exceptions près — le Balrog, sorte de démon élémentaire de la peur, et l’araignée géante Arachné —, encore qu’on manque de précisions sur leurs passés. Pour le reste, même l’incarnation du Mal par excellence n’échappe pas à ce principe : « Sauron n’était évidemment pas mauvais à l’origine, explique Tolkien. Il était un ‘ esprit ’ qui fut corrompu par le Seigneur des Ombres, Morgoth », son maître dans un lointain passé. « Il eut l’occasion de se repentir », mais refusa l’humiliation de demander le pardon. Et c’est ce choix, que personne ne lui a imposé, qui l’a fait définitivement basculer dans le Mal.

De même, nul n’est parfait sur la Terre du Milieu. « Je n’ai pas décrit les peuples qui se trouvent du « bon coté », que ce soit les hobbits, les cavaliers de Rohan, les hommes de Dale ou de Gondor, comme meilleurs que le commun des mortels », précise Tolkien. On découvre ainsi « indolence et stupidité chez les hobbits, orgueil chez les elfes, rancune et cupidité dans le cœur des nains, folie et iniquité chez les chefs des hommes, et même traîtrise et désir du pouvoir chez les Sages ».

Quant aux Orcs, Trolls et autres monstres contrôlés par Sauron et Saroumane, le Sage félon, ils sont clairement du côté obscur… mais comme nous le verrons, c’est parce qu’on ne leur a jamais laissé d’autre choix.

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Cet article a été publié le Vendredi 23 janvier 2009 à 0 h 31 min et est classé dans Art & Culture. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Les commentaires et les pings sont actuellement fermés.

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